La température est glaciale et les nuages bas. Faute de pouvoir travailler au débroussaillage autour de l'église de Saint-Martin, le dossier administratif avance !
En effet, courant Janvier 2013 le dossier de demande d'Inscription de l'Eglise Saint Martin d'Ayguebonne sur la liste supplémentaire des Monuments Historiques a été déposé auprès des services des Bâtiments de France de l'Aveyron. M. Louis Causse, architecte des Bâtiments de France, nous informe par un courrier du 11 Février 2013 qu'il a transmis avec avis très favorable le bordereau à la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) à Toulouse en demandant que le dossier soit rapidement pris en considération.
ll s'agit là d'une première étape qui devrait assurer la protection de l'édifice contre tout risque de dénaturation du site.
Voici le contenu de la lettre mentionnée :
Demande d’inscription
de l’église préromane de Saint Martin d’Ayguebonne (commune de Montjaux)
sur la liste des Monuments Historiques
de l’église préromane de Saint Martin d’Ayguebonne (commune de Montjaux)
sur la liste des Monuments Historiques
- Situation : Cadastre de Montjaux, Section E, parcelle 865 (plus dépendances en ruines sur parcelle 864). Voir photocopie cadastre.
- Intérêt historique :
Il s’agit de
l’édifice religieux le plus ancien de la commune de Montjaux. Il
relève du I° art roman ou art préroman des X°-XI° siècles.
Il indique
peut-être la localisation du premier centre de peuplement situé sur
un replat d’orientation méridionale dominant la vallée du Tarn au
niveau de la confluence avec la rivière Muse. Cette zone à
proximité du vallon du ruisseau d’Ayguebonne recèle d’assez
nombreuses sources et se situe à la rencontre de deux vallées
favorables à la circulation des hommes. Le patronyme de Saint Martin
semble indiquer la pratique de la viticulture, activité qui a connu
autour de l’église un renouveau récent.
Les articles
joints au dossier présentent les caractéristiques architecturales
de cet ouvrage.
Signalons en les
principaux aspects : un plan en « double boîte »
légèrement désaxé, une nef très élevée à couverture
charpentée, un chœur plus bas et plus étroit vouté en berceau
s’appuyant sur un mur plus épais en saillie (qui portait des
arcatures formant une frise aujourd’hui disparue), un chevet plat
formant fronton du côté extérieur avec 3 petites ouvertures en
plein cintre disposées en triangle inversé. L’encadrement des
fenêtres à l’extérieur représente par évidement des colonnes
reliées par un arc en dents d’engrenage. Deux portes une à
l’Ouest, l’autre au Sud (plusieurs fois remaniée) donnent accès
à la nef.
- Evolution historique :
L’article de
Geneviève Durand (précocement disparue) publié dans Archéologie
du Midi , T. 8-9, 1990- 1991, p.178-184, constitue le travail de
référence le plus solide.
L’évolution
subie par le monument y est étudié à partir des documents
d’archive subsistant.
La I° mention
date de 1404 (dans un pouillé) : il s’agit alors d’une
église rurale.
En 1456, l’évêque
de Rodez attribue cette église à la communauté des chanoines
fondée à Salles-Curan qui en percevra dès lors les bénéfices.
Elle est mentionnée régulièrement comme « prieuré sans cure
uni au collège de Salles-Curan ». Les offices ne s’y
déroulent alors que rarement.
Le peuplement
s’est semble-t-il déplacé durant cette période de l’autre côté
de la vallée, face à Saint Martin, à Saint Hyppolite (où existe
un ancien prieuré de Vabres devenu propriété de l’évêque dès
1231). A partir de 1452 cette église devient chef lieu de paroisse
tandis que le hameau de Candas prospère jusqu’à devenir en 1757
le centre religieux de la paroisse (129 habitants pour 19 à St
Hyppolite en 1800).
Dès 1670 le
rapport d’un visiteur épiscopal indique que la toiture de la nef
de Saint Martin a disparu et des allusions laissent penser que
l’église a souffert de destructions dues aux guerres de religion.
Seul le chœur fermé par l’obturation partielle de l’arc
triomphal est utilisable et transformé en chapelle.
Aucune mention de
Saint Martin n’apparaît dans la vente des biens nationaux. On peut
penser que ce bâtiment dont il ne reste que les murs, envahi par la
végétation et réduit à une modeste chapelle ne présente aucune
valeur marchande et reste propriété de la commune. On ignore si ce
lieu de culte a été dé-consacré ?
Le Journal de
Millau évoque en 1906 (24/02 et 9/03) le bâtiment et décrit les
éléments sculptés qui subsistent alors (voir texte fourni par J.
Martin, St Martin d’Ayguebonne, Patrimoni n°42, Janv.-
Fev. 2013 p.23)
Dans le Livre de
paroisse rédigé en 1939, le curé Louis Grimal, prêtre de Candas
depuis 1907 et originaire du lieu, indique que propriété communale
l’église de Saint Martin a été « achetée » vers
1928 par un cultivateur de Candas et que les chapiteaux, les arcades
du chœur et les frises de la nef auraient alors été vendues dans
ces années là à un américain (cf Geneviève Durand , note 9,
p.179). Les enquêtes menées par Louis Balsan n’ont pas permis de
localiser la destination de ces enlèvements.
Dès lors la
chapelle s’est vue transformée en écurie destinée à abriter un
cheval. Une mangeoire et un râtelier y ont été installés tandis
qu’un plancher a partagé en hauteur l’ancien chœur pour y
créer une grange après enlèvement de la fenêtre Nord et création
d’une porte.
Aujourd’hui
l’ensemble est abandonné et menace ruine. Les dégradations
peuvent s’avérer irréversibles si une action rapide n’est pas
engagée pour consolider murs et pignons et mettre l’édifice hors
d’eau.
Sauver ce qui
subsiste de ce monument dont les structures sont demeurées intactes
est devenu l’objectif d’une association « Sauvons Saint
Martin d’Ayguebonne », association qui s’est créée le 2
Mai 2012 à Montjaux.
Celle-ci a pris
contact avec la propriétaire actuelle et sa famille afin de les
tenir informées du projet. Conseil et soutien ont été demandés à
M. Louis Causse Architecte des Bâtiments de France qui a élaboré
un projet de rénovation et a accompagné la création de
l’association. Le service archéologique départemental a été
informé ; M. Ph. Gruat et M. L. Fau se sont rendus sur les
lieux le 18 Septembre 2012 et ont confirmé l’intérêt présenté
par le monument. La commune de Montjaux apporte son soutien. Les
élus, les autorités religieuses et différents organismes culturels
(Sauvegarde du Rouergue, SARAC) ont été contactés et nous
apportent leurs encouragements.
Une de nos
priorités, indispensable pour la protection du site dans un avenir
immédiat est d’obtenir l’inscription de cet édifice sur la
liste des Monuments Historiques.
C’est à cette
fin que nous vous adressons ce dossier.
Nous vous
remercions de l’attention que vous voudrez bien porter à notre
démarche et vous assurons de notre considération dévouée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire